Auch Hadjadjs Buch über den Tod ist auf deutsch noch nicht erschienen, genau wie das über die Auferstehung. Es ist genauso lesenswert. Zitiert wird hier leider nur auf französisch:
La mort est présentée souvent comme ce qui rend la vie absurde. Tout serait vain à cause d’elle : la cruche se casse, le corps engraisse pour les vers, la femme douce et chaste devient pire que la femme fatale, puisque son départ laisse un regret pl us violent. Une telle conception, que l’on retrouverait aussi bien chez des athées que chez des croyants, me paraît très douteuse. Il suffit d’en peser le contrepoint : si nous devenions immortels dans l’état actuel des choses (je dis bien dans l’état actuel, c’est-à-dire lamentable des choses), la vie serait encore plus un non-sens. Nous n’en aurions pas fini de tourner en rond. Aucune fenêtre ouverte sur le mystère. Aucune menace pour nous réveiller. Aucune tension dramatique. Le navet de série B qui n’aurait pas d’issue. À jamais pris à la ratière de notre médiocrité, à jamais loin de l’absolu. Une telle immortalité ne serait qu’une perpétuité mortelle. Elle interdirait toute résurrection. Elle couvrirait la terre de morts debout.
– Fabrice Hadjadj, Réussir sa mort, 2005, p. 81
Dans certaine tribu indienne, la jeune fille ne peut pas se marier ni concevoir avant d’avoir accompagné un aïeul dans l’agonie puis fait sa toilette funéraire. On pense qu’elle ne peut pas aimer un époux si elle n’a pas aimé son grand-père jusque dans son extrême détresse. On estime qu’elle ne peut pas bien élever un enfant si elle n’a pas su soigner un cadavre. Qui ne sait pleurer sur les morts ne peut se réjouir d’une naissance. Il serait bon qu’une aussi sage disposition trouve sa place dans notre Code civil. Mais nous n’entendons plus être civilisés de cette manière.
– Fabrice Hadjadj, Réussir sa mort, 2005, p. 182